

Les ménages et les entreprises recourent à l’endettement pour des raisons bien différentes.
Avec des taux d’intérêt toujours plus bas depuis les années 2010, les signaux sont au beau fixe pour emprunter. Les particuliers tendent ainsi à accumuler les crédits même s’ils en ont déjà. Ces taux d’intérêt modérés permettent aussi à ceux qui ne pourraient pas emprunter en temps normal de le faire. Les banques relâchent les conditions d’octroi des crédits et allongent la durée globale des prêts.
Mais, cette situation n’est pas sans risques pour les ménages. Ceux qui sont déjà endettés s’endettent encore plus, quitte à se trouver en situation de surendettement. On parle de surendettement dès que l’endettement dépasse 33 % des revenus. La plupart du temps, il découle d’un surplus de crédit à la consommation (78,2 % des cas) et/ou de crédit immobilier (14,5 % des cas), en plus de l’accumulation des dettes du quotidien (loyer, électricité, etc.). Mais sans aller jusque-là, un fort endettement a déjà des effets pervers car il empêche les ménages de consommer.
Fin 2018, l’endettement des ménages représentait 1 403 milliards d’euros, soit 59,8 % du PIB.
L’endettement est vital pour le développement sain d’une entreprise. Il lui permet de créer des emplois, d’innover, de s’agrandir, de se constituer une trésorerie, etc. Les entreprises profitent aussi de cet environnement de taux d’intérêt bas, avec comme seul frein la maîtrise de la soutenabilité de leur dette.
Les chiffres dévoilés par la Banque de France montrent que l’endettement concerne toutes les tailles d’entreprises, ce qui est une spécificité française. En effet, la tendance générale dans la zone euro est à la baisse et à une certaine mixité des moyens de financement des entreprises (augmentation de capital, autofinancement, etc.). L’endettement pèse également essentiellement sur une petite partie d’entreprises fortement endettées, ce qui les rend particulièrement plus vulnérables en cas de remontée subite des taux.
Ce phénomène a déjà conduit le gouvernement à réagir pour modérer les risques en cas de retournement de la conjoncture. Dès 2018, les banques devront limiter leur exposition aux entreprises les plus endettées à hauteur de 5 % de leurs fonds propres.
Fin 2018, l’endettement du secteur privé est de 3 112 milliards d’euros, soit 132,3 % du PIB (45 points de PIB de plus qu’en 2000 !). L’endettement des sociétés non financières atteint 1 708 milliards d’euros, soit 72,6 % du PIB.
Un surendettement élevé s’agglomère avec d’autres risques financiers et peut engendrer des déséquilibres.
À long terme, le rapport de la Banque de France pointe la dangerosité de l’agrégation des risques entre eux. Le risque d’endettement interagit ainsi avec 3 autres risques :
À court et à moyen terme, l’endettement est bénéfique pour l’économie. C’est un des leviers de la croissance économique d’un pays.
En revanche, un endettement croissant des ménages comme des entreprises peut fragiliser l’économie, voire entraîner un risque de crise financière. Tout le monde se rappelle encore la crise américaine des « subprimes » en 2008 qui a conduit à la faillite de la grande banque Lehman Brothers. Des emprunts immobiliers risqués avaient alors été accordés massivement à des ménages peu solvables.
De l’avis général, le risque de survenue d’une crise financière est aujourd’hui assez virtuel car les conditions actuelles n’ont rien à voir avec celles de 2008. Pour autant, les autorités de régulation bancaire incitent à la prudence. En effet, si une crise financière devait subvenir, le refinancement par les banques serait difficile en raison du nombre élevé de crédits octroyés et donc du peu de liquidités disponibles. L’État lui-même aurait également dû mal à soutenir l’économie car il est très endetté avec une dette publique à hauteur de 98 % du PIB.
Si les risques financiers restent pour l’instant moindres, la Banque de France appelle néanmoins à enrayer la croissance incessante de l’endettement des Français.