Les stress tests font partie des outils de régulation et de supervision bancaires mis en place par les banques centrales, sous l’autorité de l’EBA – European Bank Authority. Le constat à l’origine de ces tests de résistance bancaire : la dégradation du contexte macro-économique est un facteur majeur de déclenchement d’une crise bancaire. Il s’agit donc d’anticiper et de simuler des conditions économiques et financières dégradées mais réalistes, pour évaluer la capacité de réaction des banques et, le cas échéant, envisager les mesures à prendre pour faire face et éviter une crise. En jeu principalement : l’ajustement des fonds propres des banques. Le 22 janvier 2020, l’EBA initie une consultation publique sur l’efficacité des stress tests. En ligne de mire : déceler les faiblesses des tests de résistance bancaire, pour faire évoluer leurs modalités de mise en œuvre de manière adaptée.
Une mise en œuvre des stress tests en réaction aux crises bancaires
C’est la crise asiatique de 1997 qui marque la naissance du stress test. Si la méthode est d’abord utilisée en marge des autres outils de régulation et de supervision bancaires, son usage se généralise dès 2008, en écho à la crise des subprimes.
- En 2009, le test de résistance opéré aux Etats-Unis révèle des résultats mitigés : in fine, 10 banques parmi les 19 testées sont sommées de se recapitaliser. A noter que les stress tests mis en œuvre en amont n’avaient pas permis d’anticiper la crise des subprimes.
- En 2010, l’EBA commande des stress tests en Europe. Les résultats obtenus par les 91 banques testées n’alarment pas, et concordent avec les résultats des agences de notation. Pourtant quelques mois après les tests de résistance bancaire, des banques irlandaises doivent être recapitalisées en urgence.
2 observations au moment de faire le bilan :
- Les stress tests interviennent en aval des crises financières.
- Les tests de résistance semblent être imposés moins à titre préventif que pour apaiser le climat de tension.
Les résultats en effet sont rendus publics et permettent finalement de diminuer l’inquiétude et la méfiance générales générées par une crise passée. L’efficacité des stress tests, dans ce contexte, s’avère limitée. En lançant une consultation publique, l’EBA vise à établir l’utilité efficiente du test de résistance bancaire.
Une évolution eu égard aux faiblesses de la méthode en vigueur
La consultation sur les modifications des stress tests met en exergue les faiblesses de la méthode actuelle, pour tenter d’y apporter des améliorations.
– 1er reproche à l’encontre du test de résistance bancaire : des scénarios trop optimistes
Il est relevé que les hypothèses et les enchaînements sur la base desquels les simulations sont élaborées ne sont pas assez sévères.
- Pourquoi les scénarios sont-ils trop optimistes ? Dans la mesure où les résultats des stress tests sont rendus publics, un scénario catastrophe serait de nature à propager publiquement un sentiment d’insécurité.
- Quelles solutions à envisager ? La consultation publique initiée par l’EBA doit mener à la réflexion suivante : dans quelle mesure les résultats peuvent-ils être publiés ? Il s’agit de déterminer sous quelle forme les besoins de capitaux des banques peuvent être divulgués sans inquiéter. L’enjeu : allier transparence et réalisme des scénarios, pour renforcer l’utilité du stress test sans créer de méfiance démesurée. L’EBA envisage à cet effet de durcir les conditions des tests de résistance bancaire.
– 2ème critique à l’égard du stress test : un manque de flexibilité
Les stress tests en l’état actuel sont jugés insuffisamment flexibles : les spécificités des banques ne sont pas assez prises en compte.
Plusieurs mesures sont envisagées pour pallier à cette faiblesse, en fonction du commanditaire du stress test :
- L’autorité de supervision pourrait imposer des tests dans le respect de modalités strictes, auquel cas les résultats seraient publiés de manière adaptée, pour tenir compte des enjeux propres à la banque.
- La banque pourrait elle-même initier un test, auquel cas elle utiliserait une méthodologie spécifique eu égard à ses spécificités.
– 3ème limite du test de résistance bancaire : des lacunes au moment d’établir le scénario
Les stress tests se basent actuellement sur les critères macro-économiques suivants pour établir un scénario à simuler : l’évolution des mœurs de consommation, la tendance en matière d’investissement, l’inflation, la récession et le chômage.
Dans un contexte d’urgence environnementale, il s’agit de faire évoluer ces critères en y intégrant une variable évidente : le risque climatique.
Sur la base de ce constat, le gouverneur de la Banque de France a annoncé fin 2019 que les banques seront soumises à des stress tests climatiques à l’horizon 2020.
L’objectif : s’assurer que les fonds propres des banques seront suffisants à couvrir les risques climatiques.
Au 30 avril 2020, la consultation publique prend fin. Les modalités des stress tests seront alors amenées à évoluer eu égard aux résultats de cette consultation. Fort à parier qu’elles seront renforcées, pour augmenter l’efficacité des tests de résistance bancaire.