Les prêts non performants – non-performing loans ou NPL – pèsent comme une menace accrue sur le système bancaire, notamment depuis la crise financière de 2008. Parce que les enjeux économiques sont majeurs, le Parlement européen intervient pour dicter de nouvelles attentes prudentielles. Quelles sont les problématiques à adresser pour préserver la stabilité financière de l’Union bancaire ? Comment identifier les créances douteuses ? Comment la BCE envisage-t-elle de réduire les risques ? Le point.
Les créances douteuses doivent être correctement identifiées
La crise des Subprimes a donné à voir l’étendue des dégâts potentiels provoqués par les prêts non performants. La qualité des actifs bancaires, depuis, fait l’objet d’une surveillance renforcée en vue de préserver l’équilibre de l’économie.
NPL : quand la probabilité de défaillance de l’emprunteur augmente
Les prêts non performants sont identifiés comme tels lorsque le défaut de remboursement des échéances dure depuis 90 jours. L’écoulement du temps augmente dangereusement la probabilité de défaillance de l’emprunteur, et la banque doit en subir les conséquences… A la chaîne, c’est un effet boule de neige qui emporte des risques sur l’ensemble du système bancaire.
Préserver le système bancaire européen, une priorité de 1er ordre
Juin 2018, les banques italiennes comptabilisent 159 milliards d’euros de créances douteuses(1), un montant alarmant qui représente 7,7 % de l’ensemble de ses créances – la France affiche un ratio de 2,6 %. Autant que le défaut de remboursement, c’est la persistance de ces niveaux élevés de PNL qui inquiète.
4 problématiques majeures :
- Les prêts non performants impliquent des coûts administratifs et des coûts de financement élevés à la charge des banques. Leur rentabilité est en jeu.
- Pour faire face aux défauts de remboursement, la banque doit puiser dans ses fonds propres pour ses besoins de provisionnement. Sa capacité à octroyer de nouveaux prêts diminue d’autant : l’économie du pays en pâtit d’autant plus que les établissements bancaires participent activement au financement des entreprises…
- Les banques doivent immobiliser des capitaux pour garantir les PNL. Encore une fois, le financement de l’économie nationale est détérioré.
- Lorsque le montant global des prêts non performants atteint un niveau élevé, c’est la viabilité de la banque qui est en jeu.
La vision de la BCE pour réduire le risque lié aux prêts non performants
Pour maintenir l’équilibre et éviter une crise financière risquée, la bonne identification des créances douteuses et l’adéquation du provisionnement des banques représentent les meilleures armes.
Août 2019, la BCE révise ses attentes prudentielles relatives à l’évaluation des niveaux de provisions prudentielles des banques pour les expositions non performantes. Pour traiter prudemment les NPL, il s’agit principalement d’évaluer l’ancienneté du prêt non performant d’une part, les sûretés détenues par l’établissement en garantie d’autre part. Le résultat attendu : éviter l’accumulation future des créances douteuses non couvertes en réagissant de manière appropriée.
Le rôle des autorités de surveillance est rappelé par la BCE : elles doivent évaluer si les provisions des banques sont constituées à temps et dans les bonnes proportions. Les établissements bancaires, à cet effet, ont intérêt à mettre en place une méthodologie et des process de provisionnement efficaces. L’évaluation du niveau de provision adéquat tient compte de l’ancienneté du prêt non performant et des garanties prises par la banque.
Les établissements bancaires, au vu des nouvelles attentes prudentielles de la BCE, sont incités à se mettre en conformité en comblant l’éventuel delta comptabilisé au niveau de ses provisions – voire en ajustant leurs fonds propres.
Pour en savoir + : https://www.capital.fr/entreprises-marches/la-bce-va-fixer-des-echeances-pour-couvrir-les-prets-a-risque-1323429