La Banque de France l’affirme : avril 2022 ne marque (toujours) pas le rebond des défaillances d’entreprises. Certains spécialistes considèrent la situation comme anormale et continuent de s’inquiéter. Aux conséquences de la crise Covid-19 vient s’ajouter la guerre en Ukraine, dont l’impact économique, bien que pour le moment variable d’une entreprise à l’autre, est avéré. Alors que certaines sociétés naviguent paisiblement dans ce contexte, d’autres, TPE et PME notamment, font face à des problèmes de trésorerie. Quoi qu’il en soit, le climat est relativement tendu, tous les acteurs de l’économie se tiennent prêts.
Un indicateur de confiance des entreprises en décroissance depuis novembre 2021
Les données de l’OCDE sont éloquentes, et sans grande surprise : alors que l’indice de confiance des entreprises chutait drastiquement dès les débuts de la pandémie, il reprenait sa croissance jusque novembre 2021. Période à laquelle l’imminence du conflit entre l’Ukraine et la Russie était annoncée. Depuis, l’indice de confiance décroît : de l’avis des entreprises, les conditions économiques sont défavorables.
Les délais de paiement s’allongent
- Fin 2021 : les délais de paiement retombaient quasiment à leur niveau d’avant-pandémie.
- 1er trimestre 2022 : les retards de paiement tendent à augmenter.
Si l’indice de confiance fait état du ressenti des dirigeants d’entreprises, les chiffres des délais de paiement entre professionnels sont pour leur part tangibles. Ce signe est surveillé de près, car il augure une situation économique changeante.
Des secteurs particulièrement touchés
Des menaces diverses planent actuellement sur la trésorerie des entreprises :
- Le remboursement en cours ou imminent des PGE.
- Les hausses des prix et la pénurie de matières premières.
- La guerre en Ukraine.
- L’augmentation des taux d’intérêt bancaires.
Depuis début 2022, le commerce et la construction sont les secteurs les plus touchés, suivis par le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Prenant l’exemple des activités du bâtiment, le raisonnement met en évidence les difficultés de trésorerie actuelles et à venir : la demande n’est pas en cause – malgré l’inflation –, ce sont les moyens opérationnels des professionnels qui font défaut. Dès lors que l’artisan a des difficultés à s’approvisionner, les livraisons de chantier tardent – sans compter que les prix augmentent. Dans ces conditions, l’encaissement est retardé et la trésorerie est en péril, d’autant plus pour les entreprises qui sont en train de rembourser un PGE.
Quelles solutions pour financer la trésorerie des entreprises ?
Malgré les meilleures précautions des entreprises dans la gestion de leur trésorerie, le contexte actuel joue en leur défaveur. Dans un but préventif ou curatif, des solutions sont envisagées pour financer leur trésorerie.
- Des aides aux entreprises fortement impactées par le conflit en Ukraine. L’Etat structure un plan de résilience pour aider les entreprises à faire face à l’augmentation de leurs dépenses en gaz et en électricité. Parmi les mesures en vigueur : des subventions pour les secteurs les plus touchés, une aide indirecte sous forme de report des échéances de paiement des cotisations ou encore un prêt garanti par l’Etat – le PGE résilience. Quelles qu’elles soient, ces aides sont accordées sous réserve que le conflit en Ukraine pénalise la trésorerie de l’entreprise.
- L’affacturage. Cette solution classique pour sécuriser la trésorerie n’est pas nouvelle. Si elle convient aux grands groupes, pour avancer des fonds en vue de se développer rapidement, TPE et PME ne s’y retrouvent pas toutes. Le coût du service en effet reste un frein majeur.
- Les financements bancaires. Classique également, cette solution néanmoins prend une dimension particulière dans le contexte où les entreprises sont toujours endettées par leur PGE. Avec un indice de confiance en baisse, et un conflit armé qui perdure, la position des banques face à l’emprunteur est d’autant plus influencée au moment d’étudier une demande de crédit de trésorerie.
La Banque de France publie chaque mois les chiffres clés des défaillances d’entreprises, des indicateurs utiles à mesurer l’évolution des difficultés de trésorerie des entreprises en France.