Avec la fin progressive des aides publiques et la reprise de l’activité des tribunaux, une vague massive de défaillances d’entreprises était attendue pour 2021. Pourtant les chiffres se maintiennent à un niveau bas, en France comme dans le monde. Le point à date.
L’effet de « rattrapage » conditionné par l’échéancier des aides publiques dans le monde
2021 n’a pas marqué l’arrêt net des aides publiques. En conséquence, pas de rebond majeur des défaillances d’entreprises dans le monde.
- 2020 : les Etats soutiennent les entreprises dans le contexte de pandémie. Malgré la crise économique, le nombre de faillites chute de 12 % à l’échelle mondiale.
- 2021 : progressivement, les pouvoirs publics coupent les aides et un début de rattrapage se profile. L’indice d’insolvabilité global passe de – 19 % au 1er trimestre, à – 2 % au 2ème trimestre 2021.
D’une zone économique à l’autre, les conséquences de la crise de 2020 ne s’observent pas dans les mêmes proportions. Les économies émergentes – Afrique et Amérique du Sud, notamment – ont d’autant plus souffert de la crise, et leurs indices d’insolvabilité ont repris leur croissance dès 2021. Face à elles, l’Asie et l’Amérique du Nord ont maintenu un faible niveau de défaillances d’entreprises. Différents facteurs expliquent cette évolution à plusieurs vitesses, mais c’est majoritairement le facteur aides publiques qui joue sur la santé des économies. Chaque Etat en effet applique un échéancier spécifique, la fin des mesures s’étalant jusqu’à 2024 dans certains pays. Pour leurs entreprises, la gestion de trésorerie constituera un enjeu phare sur les années à venir.
En France, le nombre de procédures collectives continue de décroître
Le mois de mars 2021 avait tiré la sonnette d’alarme en France : le nombre de liquidations judiciaires directes atteignait un record. Pourtant fin 2021, le bilan semble encourageant.
- Au 31 octobre 2021, le nombre d’ouvertures de procédures collectives est en baisse de 42,4 % par rapport à 2019.
Pour anticiper 2022 néanmoins, une étude détaillée s’impose. Le CNAJMJ relève notamment les indicateurs suivants :
- Le nombre de procédures collectives décroît, soit, mais le nombre de procédures de prévention – mandats ad hoc et conciliations – lui est en hausse : + 20,3 % entre 2019 et 2021.
- La France observe une baisse globale des défaillances d’entreprises, mais tous les secteurs d’activité ne sont pas égaux. Les secteurs de l’agriculture, de la construction, du commerce de proximité, de l’hôtellerie et de la restauration enregistrent une hausse significative des défaillances entre 2020 et 2021.
- Sans surprise, ce sont les TPE sui subissent dans la plus large mesure les conséquences de la crise.
Les 1ers chiffres 2022 publiés par la Banque de France
Mars 2022, la Banque de France communique de manière encourageante sur les défaillances d’entreprises : « Il n’y a pas à ce stade de signe d’une vague de faillites à venir ». Le CNAJMJ confirme : si les procédures collectives sont en légère augmentation entre le 1er trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022, les défaillances d’entreprises se maintiennent à un niveau très bas. Autres chiffres encourageants : le nombre de liquidations judiciaires directes est en baisse de 2,5 %, le nombre d’ouvertures de procédures de prévention chute de 9,5 %. D’un point de vue sectoriel, la tendance se poursuit : le commerce et la construction sont les secteurs les plus touchés, suivis par le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. A noter que la France maintient temporairement certaines mesures de soutien aux entreprises les plus impactées. Notamment :
- Sous conditions, les entreprises encore soumises à des restrictions sanitaires bénéficient du dispositif dérogatoire de l’activité partielle sans reste à charge.
- Agences de voyages, entreprises de l’évènementiel ou encore hôtellerie-restauration peuvent prétendre à l’aide au paiement des cotisations sociales.
- Les discothèques sont toujours éligibles au fonds de solidarité.
La progressivité de l’arrêt des aides publiques sera peut-être la stratégie efficace pour limiter les défaillances d’entreprises à terme, c’est en tout état de cause sur cette politique économique que mise le pays.