Même si une amélioration est à noter en cette fin d’année 2017, un chiffre reste éloquent : un tiers des défaillances d’entreprises sont dues à des délais de paiement trop longs ! Le cercle vicieux est imparable : privée de trésorerie, une entreprise subissant des délais de paiement trop longs se fragilise et peut être amenée à son tour à allonger le délai des paiements à ses propres fournisseurs. Un phénomène si important qu’il existe Assises délais de paiement qui lui sont dédiées, les quatrièmes venant d’être organisées fin novembre à Bercy.
Quelques chiffres
Moins de la moitié des entreprises françaises (43,6 %) règlent leurs fournisseurs dans les délais prévus et 15 % ont plus de 30 jours de retard. En règle générale, plus l’entreprise est grande, plus elle accuse de retards ; conséquence : les TPE et les PME dont la plupart des clients sont de grandes entreprises sont souvent les plus touchées car le rapport de force n’est jamais à leur avantage.
La principale conséquence financière de cette situation est le montant vertigineux du crédit inter-entreprises (c’est-à-dire pour faire simple : de l’argent qui n’est pas réinjecté dans l’économie nationale) qui s’élève en France à 635 milliards d’euros (soit le PIB de la Turquie) et le grand gâchis repose évidemment sur la faillite chaque année de près de 20.000 entreprises en raison de délais de paiement trop longs de la part de leurs clients !
La notation des entreprises qui subissent des problèmes de trésorerie en raison de ces retards (et doivent parfois avoir au recours au crédit à court terme) en pâtit aussi, ce qui peut limiter ses capacités d’investissement car cette fragilité financière, même relative, peut refroidir les banques et les investisseurs à des moments clés de leur développement.
Côté bonnes nouvelles : au 2e trimestre 2017, les choses se sont améliorées sensiblement avec un délai de paiement moyen de 10,9 jours (contre 13,3 jours sur l’année 2015) et Altares estime à 19.000 le nombre d’emplois sauvés au premier semestre 2017 grâce à la baisse des faillites.
Quelles solutions ?
Que ce soit au niveau national ou au niveau européen, diverses actions entre répression et information/prévention sont déjà mises en place ou envisagées : amendes (procédures lancées par la DGCCRF), publicité des mauvais payeurs (principe du «name and shame» qui consiste à pointer du doigts les mauvais élèves pour toucher leur réputation et tenter de les faire réagir), valorisation des entreprises les plus rapides à régler leurs fournisseurs (voire avantages fiscaux), système «d’affacturage inversé» qui permet un règlement en 24h, projet de norme ISO sur les délais de paiement (idée soutenue par l’Observatoire des délais de paiement)…
Il y a en outre une volonté des responsables politiques de réduire les délais de paiement des entreprises publiques, dont beaucoup ne donnent pas le bon exemple, loin de là, notamment les grandes. Côté responsables des grandes entreprises, la prise de conscience du problème ne semble pas encore généralisée : il est pourtant grand temps d’agir fortement et durablement pour contribuer à une meilleur santé de l’économie française.
Approfondir
> Lire l’excellent dossier de DAF Mag sur le sujet : www.daf-mag.fr – “Délais de paiement : les cultures et les process doivent encore évoluer!”