Tout comme le nombre de défaillances d’entreprise était étonnamment faible en pleine crise sanitaire, l’année 2020 est marquée par un recul du surendettement des ménages. C’est le constat communiqué ce dernier trimestre 2021 par la Banque de France : – 24 % de dossiers de surendettement déposés en 2020 par rapport à 2019. Quels sont les facteurs de cette baisse ? Quel bilan se dessine pour l’année 2021 près de s’achever ? Et faut-il craindre une augmentation des dossiers de surendettement pour 2022 ? La Banque de France est optimiste.
2020 : – 24 % de dossiers de surendettement
Le nombre de dépôts de dossiers de surendettement suit une tendance à la baisse depuis 2015. En pleine crise du Covid-19, la crainte d’une hausse paraissait légitime : pourtant c’est l’inverse qui s’est produit. La Banque de France enregistre une baisse record en 2020.
4 facteurs majeurs pour expliquer ce recul franc :
- L’engagement de la Banque de France pour l’inclusion financière s’est maintenue.
- L’Etat a attribué des aides exceptionnelles – majoration des prestations sociales, réduction des impôts, moratoires réservés aux ménages endettés…
- Des mesures protectrices, notamment en matière de logement, ont été mises en place pour réduire les dettes des ménages.
- Des obstacles matériels ont contribué à la baisse des dépôts de dossiers : – 12 % de la baisse est imputable aux restrictions liées au 1er
Les dispositifs protecteurs en matière de logement incluent notamment l’extension exceptionnelle de la trêve hivernale à l’occasion de la crise. Au-delà des aides débloquées par les collectivités et les bailleurs sociaux pour alléger le poids des dettes locatives, l’Etat en effet a prolongé la période de suspension des expulsions de plus de 3 mois. Résultat : certains ménages ont plus volontiers renoncé ou retardé le dépôt de leur dossier de surendettement.
A noter que le confinement a également influé à la hausse sur le niveau d’épargne des ménages. Dans l’incapacité de consommer, les ménages ont ainsi réduit leurs dépenses – les dépenses de consommation ont chuté de 7 % en 2020 – écartant le risque de surendettement.
2021 : – 16 % de dossiers de surendettement, par rapport à 2019
Sur les 10 premiers mois de l’année 2021, la Banque de France enregistre une baisse de 16 % du nombre de dépôts de dossiers de surendettement, mais par rapport à 2019. Ce qui laisse craindre que le bilan 2021 devrait être moins bon.
- De janvier à mai 2019 : 65 667 dossiers de surendettement déposés.
- De janvier à mai 2020 : 39 744 dossiers de surendettement déposés, la baisse est visible.
- De janvier à mai 2021 : 54 666 dossiers de surendettement déposés. Un nombre en baisse par rapport à 2019, mais supérieur au nombre enregistré en 2020.
Les effets de la crise, et par conséquent les dispositifs de soutien aux ménages mis en place par les pouvoirs publics, ainsi que les facilités accordées par les créanciers publics et privés, disparaissent progressivement. C’est sans doute pourquoi la baisse record de 2020 est rattrapée en 2021. Pour autant, la tendance à la baisse des dépôts de surendettement se poursuit par rapport à 2019, la crise ne semble pas avoir impacté de manière considérable les moyens des ménages.
2022 : le pronostic est engageant
Alors qu’aides et moratoires sont progressivement supprimés, la Banque de France est optimiste pour 2022 : « le scénario d’une forte augmentation (du nombre de dépôts de dossiers de surendettement), encore envisagé il y a quelques mois, apparaît aujourd’hui très improbable ».