La crise sanitaire a bouleversé l’économie, et les conséquences s’en ressentent en matière de loyers impayés. Mais début 2021, tous les bailleurs ne sont pas égaux devant cette situation à risque : l’impact Covid-19 en effet est à 2 vitesses… Le point à date.
Baux d’habitation : pas de hausse des impayés de loyers, mais des craintes manifestes pour « l’après-crise »
La ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon observe que les impayés de loyers n’ont augmenté que légèrement dans le résidentiel : bailleurs sociaux et propriétaires privés ne signalent pas d’incidents exceptionnellement graves.
Une tendance à noter néanmoins : les jeunes locataires du parc privé, privés de leurs « jobs complémentaires », quittent leur logement de manière anticipée. Les résiliations de baux à titre préventif augmentent…
Ce constat intervient alors que le dispositif de chômage partiel est toujours applicable, maintenant (artificiellement ?) les locataires sur le plan économique. Quid quand les entreprises feront faillite, licenciant leurs salariés ? L’inquiétude est palpable…
Face aux craintes, l’Etat réagit déjà :
- L’ADIL renforce ses actions de communication. Le but : aider en amont bailleurs et locataires, pour éviter l’accumulation des loyers impayés. L’ADIL d’ailleurs voit déjà en consultation un public récemment diversifié – des travailleurs indépendants particulièrement impactés par la crise, notamment. En phase de précontentieux, les difficultés se résolvent plus facilement et les conséquences financières sont moins lourdes pour les bailleurs.
- La ministre déléguée au Logement prévoit d’augmenter significativement les aides du FSL. 30 millions d’euros, c’est la somme annoncée pour alimenter le fonds de solidarité au logement. Cette aide accordée sous conditions permettrait aux locataires en difficulté de ne pas pénaliser leurs bailleurs, le temps de sortir la tête de l’eau…
- Le fonds d’indemnisation permettra aux bailleurs de tenir jusqu’au terme de la trêve hivernale (au 1er juin cette année). Pour 2021, ce sont 20 millions d’euros qui doivent être débloqués à ce titre.
Malgré ces mesures, le risque de loyers impayés, à moyen terme, plane comme une menace : la fin du dispositif de chômage partiel est sans doute imminente, et les bailleurs risquent gros.
Baux commerciaux : une baisse manifeste du taux de recouvrement, des négociations en cours
Le secteur commercial joue une toute autre pièce : l’impact des confinements à répétition n’a pas tardé à se faire sentir.
- 1er confinement : l’Etat intervient en faveur des locataires commerciaux, incitant les bailleurs à mettre en place des mesures d’aide – report des loyers, notamment. Mais les intérêts économiques des bailleurs sont également en péril, et de nombreuses associations de commerçants ne transigent pas.
- 2ème confinement, nouvelle tactique : l’Etat propose aux bailleurs un crédit d’impôt de 50 % des loyers abandonnés.
- Les bailleurs de centres commerciaux sont particulièrement impactés : le taux de recouvrement baisse de manière inquiétante, et les bilans comptables font grise mine.
Pour le moment, pas d’information communiquée ni sur les aides de l’Etat ni sur le sort des abandons de créances de loyers. Les bailleurs des grandes enseignes continuent de mener des négociations avec leurs locataires, en bonne intelligence, pour concilier leurs intérêts économiques respectifs et limiter les dégâts. En pratique, le paysage des commerces se redessine déjà : baux à céder, locaux vides… si les opportunités se multiplient, les enseignes restent frileuses à s’installer, faute de visibilité sur la situation sanitaire à venir. Et les bailleurs se trouvent dans une situation délicate.