Si la durée des crédits s’est constamment allongée au cours des vingt dernières années, le passage au prêt sur 35 ans n’est pas forcément vu d’un bon œil par les secteurs bancaire et immobilier.
Toujours plus long ? Face à la conjoncture du marché immobilier qui voit les prix de la pierre continuer de flamber, et la solvabilité des ménages moyens stagner, certains spécialistes du secteur envisagent de remettre au goût du jour les prêts sur 35 ans. Mais les voix qui s’y opposent sont nombreuses.
Les prix montent, les revenus stagnent : l’impossible équation du marché français
Le phénomène n’est pas nouveau : les prix de l’immobilier en France, et plus particulièrement dans les grandes villes, ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. Paris est bien sûr en tête de cette escalade des prix, suivie par Bordeaux et les grandes capitales régionales. L’attractivité de ces zones urbaines, bassins d’emploi convoités, entraîne une hausse constante du prix au m2. En un an, cette hausse a été de 7,1% à Paris, et de 3 à 4,3% dans des villes comme Lille, Lyon, Marseille ou Nantes.
Jusqu’ici, cet emballement était compensé par la baisse des taux d’intérêts, qui permettait aux ménages d’accéder à la propriété à un coût raisonnable. Mais le conte de fées est terminé, car les taux ne pourront pas descendre plus bas. Et comme un coup du sort n’arrive jamais seul, la modification des aides publiques, avec la suppression de l’APL à l’accession, et les restrictions sur l’obtention de Prêt à Taux Zéro, compliquent encore la situation des ménages les plus modestes.
Le marché immobilier a donc fort logiquement commencé à ralentir ces dernières semaines, poussant certains acteurs du secteur à évoquer le prêt à 35 ans.
Allonger la durée du prêt, une idée controversée
Le prêt le plus courant aujourd’hui est celui à 20 ans, contre 15 ans au début des années 2000. Mais selon l’observatoire Crédit Logement-CSA, déjà 37,5% des prêts autorisés en juin 2018 s’étendaient sur 25 à 30 ans.
L’allongement des crédits est donc une solution à laquelle les banques et courtiers ont déjà eu recours par le passé. Mais le chiffre 35 est loin de faire l’unanimité. Du côté des banques, on estime avoir déjà suffisamment fait d’effort, tant sur les taux d’intérêt que sur la durée des emprunts. En outre, pour les accédants à la propriété, les mensualités ne seraient pas moins élevées, mais l’engagement plus long pourrait être facteur de risque pour leur solvabilité sur le long terme.
Du côté des agents immobiliers, on guette fébrilement le marché, dans l’attente d’un changement de conjoncture qui pourrait voir les prix baisser à partir de 2019. Une chute qui pourrait être encouragée par la hausse des taux de la Banque Centrale Européenne.